Micro-centrales…un impact négatif sur nos cours d’eau.

Le fonctionnement d’une micro-centrale implique la construction d’un barrage sur la rivière et le détournement d’une partie très importante de son débit hors de son lit.

Ces barrages perturbent de différentes manières le fonctionnement des rivières :

  • ils modifient leurs régimes hydrologiques,
  • perturbent les conditions écologiques à l’amont comme à l’aval des retenues,
  • diminuent les capacités d’auto-épuration,
  • réduisent la dilution des effluents,
  • modifient les processus d’érosion et de transport solide,
  • stockent les sédiments et participent aux phénomènes d’incisions du lit des cours d’eau,
  • fragmentent l’habitat des espèces aquatiques, forment de véritables barrages écologiques, empêchent la montaison des poissons sur leurs lieux de reproduction et interdisent la dévalaison des juvéniles qui constituent le recrutement biologique de la partie avale (les passes à poissons sont le plus souvent peu ou pas fonctionnelles).
  • appauvrissent et colmatent les milieux,
  • perturbent les cycles de vie par les effets de variations de niveaux et de ‘chasses d’eau’ (entretiens et vidanges)…

 

Le bilan environnemental est largement défavorable. De nombreux ouvrages existants ont un impact irréversible sur les milieux.

Actuellement, la Société des forces hydrauliques de la Séveraisse (FHYS) procède au renouvellement d’une micro-centrale sur la rivière la Séveraisse et ce pour une durée de 40 année… De plus la société FHYS complète les aménagements existants par la construction d’un nouveau barrage et canalisations. Les travaux sont notamment visibles sur la commune de Saint Firmin en Valgaudemar.

Cette société de droit privé a présenté ce projet dans une démarche de production énergétique propre et de développement durable. L’impact sur les milieux va pourtant être considérable.

Quelques photos prises courant octobre 2014, à quelques centaines de mètres d’intervalles démontrent l’impact de ces installations (en amont et en aval du barrage de Saint Firmin existant).

 

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A la vue de ces clichés, le constat environnemental est catastrophique ! Avec la construction de la nouvelle micro-centrale, la rivière Séveraisse ainsi que deux torrents (Villar et Colombeugne) vont une nouvelle fois être détournés sur 4km700 supplémentaires !

La Fédération de pêche des Hautes-Alpes s’est fortement opposée à ce projet.

Dans les Hautes-Alpes, la consommation d’énergie est maximale pendant la période hivernale, (chauffage, augmentation de la population, etc…). La Séveraisse est un cours d’eau au régime hydrologique de type nivo-glaciaire, marqué par de forts débits de mai à août et par de fortes périodes d’étiage hivernales. Pendant cette période de faible débit, peu d’énergie peut-être produite. L’énergie consommée localement sera donc produite par d’autres aménagements polluants (centrale thermique ou nucléaire…).

 

La Fédération de Pêche a fait remarquer que les débits réservés proposés ne garantissaient pas la vie ni la reproduction des espèces piscicoles qui peuplent ce cours d’eau (truites communes de souche autochtone et chabots d’intérêt patrimonial).

Dans les cours d’eau, ce sont les débits minimums rencontrés qui conditionnent les densités et la structure des peuplements piscicoles et aquatiques. Leurs impacts sont directement liés à la réduction significative des habitats disponibles à la fois quantitatifs et qualitatifs par réduction de la lame d’eau. L’appauvrissement des systèmes aquatiques se généralise ensuite à tous les écosystème par le jeux des chaines alimentaires…

De plus, les conditions climatiques en période hivernale correspondent à la période de reproduction de la truite commune. Pendant ces périodes de débits réservés insuffisants le gel induira la ‘prise en glace’ du cours d’eau ; la mortalité de la faune aquatique.

L’assèchement est également une menace importante entre le tronçon court-circuité du cours d’eau et les nombreux adoux avec le risque de rupture hydraulique donc biologique. Ces adoux constituent des réservoirs biologiques fondamentaux dans le fonctionnement biologique des cours d’eau.

On note enfin que la Séveraisse est alimentée par des glaciers qui produisent, par érosion, une quantité importante de « fines glacières » que les faibles débits délivrés à l’aval des ouvrages hydroélectriques ne permettent plus d’emporter. Ce colmatage des substrats est préjudiciable à la faune aquatique.

 

Malgré l’opposition forte de la Fédération de Pêche, les travaux sont en cours. La Séveraisse sera impactée au printemps 2015.

Les cours d’eau Haut-Alpins ont déjà payé un lourd tribu aux aménagements hydroélectriques.

Les projets d’installations se multiplient. Sous peu, aucun cours d’eau de notre département restera naturel…

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