Depuis presque six ans, les pécheurs peuvent profiter d’une pêche hivernale. Une situation particulière au lac de Serre-Ponçon qui est venue combler les attentes des pécheurs.
Très codifiées par le code de l’environnement, les associations de pêche et de gestion du milieu aquatique ont pour mission des actions de préservation du milieu et de protection des espèces. Cette gestion est formalisée dans le plan départemental de gestion des milieux aquatiques et de protection. Un équilibre fragile entre gestion du peuplement piscicole et préservation du milieu. Restauration des frayères, passe à poisson, restauration des milieux aquatique, autant d’actions proposées à l’administration et mise en œuvre avec les associations, leurs bénévoles et les techniciens.
Il y a presque huit ans, une réflexion a été menée par tous les acteurs de la pêche pour proposer d’optimiser et d’adapter la réglementation nationale à la situation particulière du lac de Serre-Ponçon. Cette dérogation aux règles nationales, possible du fait de son classement “grand lac intérieur”, a été actée par les autorités il y a six ans. « Celle-ci encadre et optimise la pratique de la pêche, dans un souci de préserver et protéger la ressource piscicole tout en donnant satisfaction au plus grand nombre de pécheur », explique Bernard Fanti, président de la Fédération départementale de pêche des Hautes-Alpes.
Les caractéristiques du lac de Serre-Ponçon : moyenne montagne, plages inondées et exondées, température de l’eau autour des 4 °C actuellement, un fort marnage qui interdit toute végétation alors que beaucoup d’espèces lacustres en ont besoin, furent à la base des réflexions. De plus, chaque espèce a été étudiée afin de la protéger au moment opportun (période de reproduction) et à l’endroit opportun.
Une réglementation adaptée à la biologie des espèces
Une nouvelle réglementation adaptée, qui colle au fonctionnement de la retenue, à ses caractéristiques et à la biologie des espèces est donc née. « Avant 2014, on ne pouvait pratiquer les pêches hivernales (jusqu’en mars) en raison de la reproduction de certaines espèces ciblées nationalement, truites, brochets. Depuis six ans, l’adaptation de la réglementation permet de le faire. La particularité de ces espèces étant de se reproduire en dehors du lac de Serre-Ponçon, dans la Durance. C’est le cas par exemple de la truite. Quant au brochet, qui profite des variations de niveaux des eaux pour se reproduire dans des zones enherbées (en France de février à avril), il ne peut se reproduire dans notre lac au niveau le plus bas en hiver. Une restriction de sa pêche est par contre appliquée du 1er juin au 15 juillet sur les zones végétalisées, lieux possibles de sa reproduction. Les pêcheurs peuvent donc être sur le lac toute l’année tout en assurant la protection des espèces cibles », indique David Doucende, chargé de mission à la Fédération de pêche 05. Une vraie particularité qui permet à tous les amateurs de s’adonner à leur passion et de pouvoir pêcher une vingtaine d’espèces différentes dont certaines atteignent des tailles qui participent à la réputation du lac de Serre-Ponçon.
Pour la Fédération de pêche, les prochaines réflexions à mener, seront sûrement sur la question de l’accès aux berges qui se privatise. Une réflexion qui sera menée avec un partenaire important de Serre-Ponçon : le Smadesep.
■ La Fédération des Hautes-Alpes pour la pêche et la protection du milieu aquatique, c’est :
– 22 associations de pêche et de protection des milieux aquatiques
– 1 association de pêcheurs amateurs aux engins “Treuil et Tangon” pour la pêche à la traîne ;
– 10 000 cartes annuelles haut-alpines délivrées ;
– 7 000 cartes temporaires délivrées (cartes touristiques, journalières, hebdomadaires confondus). À cela, s’ajoutent les licenciés d’autres départements, des pêcheurs venus pour une journée, un week-end ou plus, profiter de Serre-Ponçon.
■ La pêche, c’est :
– Une activité qui soutient une certaine économie. De la vente des cartes, aux matériels de pêche, en passant par les hébergements qui accueillent les pêcheurs extérieurs sans oublier les huit professionnels – guide de pêche.
– Une activité qui se transmet le plus souvent au sein de la famille et ou les femmes sont de plus en plus nombreuses (+ 6 % en 2020).
– Une action forte des associations pour promouvoir l’activité, notamment auprès des jeunes.
■ La Fédération, c’est aussi un travail permanent :
– pour l’optimisation de la réglementation (des modifications récentes ont été apportées sur les tailles minimums des prises, le nombre de capture par jour, etc.) ;
– pour une meilleure connaissance des espèces (travaux d’études génétiques, d’origine natale, de comportement, de développement, de qualité et température de l’eau, etc.).
■ Depuis 2018, le lac de Serre-Ponçon est labellisé parcours passion par la Fédération nationale et celle des Hautes-Alpes au regard des atouts proposés (cale de mise à l’eau, location de barque, hébergement “qualité pêche”, animations pédagogiques, cabane des pêcheurs, etc.).
Article Dauphiné Libéré du 27. 01 2021.
