À la veille de l’ouverture de la pêche, moment tant attendu par des milliers de passionnés, rencontre avec l’un d’eux, Evan Novoyan, 15 ans.
9 mars 2024. La date est entourée depuis longtemps sur le calendrier. « Ça fait trois semaines que je tremble », confie Evan Novoyan. L’excitation monte un peu plus chaque jour. En cause ? L’ouverture de la pêche en première catégorie ce samedi. À 15 ans, le jeune homme a déjà dix ans de pêche. Habitant près du plan d’eau d’Embrun, il regarde, avec des yeux d’enfant, les pêcheurs installés. Sa mère, Emmanuelle Comba, lui offre alors sa première canne à coup. Il mord à l’hameçon. Vers l’âge de sept ou huit ans, une autre canne, à lancer cette fois, vient agrandir la collection. « Mon père m’emmène en Durance », s’émerveille encore l’adolescent. La passion grandit. L’envie d’être dehors, dans la nature, de bouger est comblée. « La pêche permet de me canaliser », explique celui qui joue au club de football d’Embrun.
CONSEILS DES ANCIENS, STAGE DE LA FEDERATION ET SORTIE AVEC UN GUIDE
Avec la découverte de la pêche aux carnassiers vers ses dix ans, vient une obsession : faire un poisson record ! À l’automne dernier, il participe au challenge Georges-Cortay. Sa photo de brochet sorti du lac de Serre-Ponçon fait sensation. Pour sortir ce carnassier d’1,1 mètre, il n’a fallu, « avec du matériel adapté et performant », que « deux à trois minutes ». Le premier brochet pêché, il s’en souvient encore. C’était avec son père, Vani, sur le ponton du plan d’eau. « Un petit de 50-60 cm. Je l’ai attrapé avec un peu de chance », confie-t-il. Grâce aux conseils des anciens rencontrés au bord de l’eau, aux stages organisés par la Fédération de pêche, en suivant un guide, sa technique s’améliore. Sa connaissance du milieu aussi. Depuis deux ans, Evan Novoyan s’est mis à la pêche à la mouche, « une technique intéressante pour laquelle il faut être précis et appliqué ». Quelle que soit la technique employée, le jeune pratique le “no kill” : « on pêche, on prend le poisson en photo ou pas et on le relâche ».
L’OBJECTIF : UNE TRUITE FARIO D’AU MOINS 45 CENTIMETRES
Dans les Hautes-Alpes, la pêche est autorisée toute l’année à Serre-Ponçon. Avec les plans d’eau et les rivières, notamment la Durance, le passionné a l’embarras du choix pour assouvir sa passion. « Se donner des objectifs est essentiel. Même si on ne les atteint pas toujours, cela permet de s’améliorer, de s’adapter à toutes les situations comme la température, le milieu, les conditions météorologiques… C’est ce qui donne envie de continuer », assure le jeune Embrunais.
À la veille de l’ouverture de la pêche à la truite, il s’est donc fixé un objectif : « une fario d’au moins 45 centimètres ». Tout au long de la saison, le but des sorties peut varier : le plus gros poisson de telle espèce, la plus belle robe, le “poisson record”… « L’ouverture de la pêche à la truite, c’est comme Noël ou mon anniversaire », sourit-il. Pas besoin de réveil pour être le premier au bord de l’eau. Pour Evan Novoyan, ce sera sur la Durance, dans « un secteur où il y a une grosse pression de pêche ». « Il faut donc être le meilleur », commente-t-il. Le matériel a été vérifié plusieurs fois ces derniers jours. Sa nouvelle canne testée. Ses poissons nageurs classés. « Au-delà de la préparation, il faut aussi de l’acharnement. Quand on rentre bredouille, cela peut être frustrant ». La passion permet de passer outre et de ressortir à la première occasion.
DEVENIR HYDROBIOLOGISTE
À force de fréquenter les rives des rivières et du plan d’eau, l’adolescent s’est intéressé au milieu. Plus tard, il souhaite faire des études scientifiques et « devenir hydrobiologiste », c’est-à-dire spécialiste de la qualité de l’eau. « C’est un monde qui me parle, j’aime être dehors », avance-t-il. Au bord de l’eau surtout. Ses parents lui répètent sans cesse qu’il « faut faire un métier qui m’intéresse pour être heureux et m’épanouir », il compte suivre ce conseil à la lettre. Et allier son futur métier à sa passion de la pêche.
Article Dauphiné Libéré du 09 mars 2024.
